Il était beau, il était grand, il sentait… non il ne sentait rien car dépourvu de résine.
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Nos amis et proches voisins ont un superbe parc, datant de la deuxième moitié du XIXème siècle époque faste du vin de Cahors quand le claret bordelais devait être soutenu par le puissant malbec pour pouvoir traverser les mers. Dans le Quercy les cèdres de cet âge marquent toutes les propriétés ayant un peu d’ambition, mais plus rares sont les séquoias. Ici il y en a… il y en avait deux. La silhouette triangulaire de ces géants donnait à la canopée du parc, vue de chez nous, un dessin très caractéristique.
Le plus haut, le plus beau à été foudroyé dimanche soir, au cours d’un « petit » orage qui nous est, au sens littéral du terme, tombé dessus. Le précédent avait fait sauter les télés et les live box du quartier, mettant à mal le planning du réparateur d’électroménager; celui ci n’a donné de mal qu’à l’élagueur . Mais quel mal.
La bête était de bonne race: sequoiadendron giganteum de 42 mètres de hauteur et 4,53 mètres de circonférence à hauteur d’homme.
La foudre à guillotiné le sommet à environ 9 mètres, faisant tomber le « plumet » terminal et laissant le tronc nu sur plusieurs dizaine de mètres, fendu en deux jusqu’à la base. Le tableau tient du carnage!
La taille du spécimen réclame un spécialiste dûment outillé. Et même deux : Hervé et Jean Baptiste…
La classique technique du « singe », grimpant au sommet en s’aidant d’une corde passée autour du tronc, n’a pas été possible compte tenu de la circonférence de celui ci. La longueur de corde à faire progresser le long du tronc était trop lourde. On fit donc intervenir une nacelle pour ceinturer le sommet étêté d’une solide corde de nylon afin de guider la chute vers un espace libre d’arbres et de bâtiments.
La corde de guidage en place, l’abattage commence. Un coin est entaillé à la base, sur la moitié du tronc et enlevé pour créer un porte à faux, puis le sciage se poursuit tout le tour…
Un petit geste du scieur au tracteur… La traction sur le sommet ouvre l’angle quand la base est sciée. La moitié arrimée à la corde entraîne l’autre dans une trajectoire parallèle.
La terre tremble… un bruit énorme et sourd… quelques branches et feuilles tourbillonnent puis… silence, le géant est à terre!
Et l’on vérifie une fois de plus que ces êtres d’exception sont plus encombrants couchés que debout !
Une fois l’abattage terminé, chacun va vers ses préoccupations habituelles.
Le patron se livre à ses statistiques favorites. Je vous livre la dernière.
Le bois de ce géant ne se prêterait qu’à la petite menuiserie, l’industrie du papier, la fabrication de crayons et allumettes…
L’ami Yves est donc multimilliardaire … en allumettes!
En effet une allumette a un volume de 150mm3, ce séquoia de 42 m un volume de 357.556.500.000 mm3, ce qui représente un potentiel de… 2.383.710.000 allumettes.
On s’occupera des boîtes plus tard!
La patronne se fait une fiche « tout ce que vous voulez savoir sur les séquoias que vous n’avez jamais osé demander »
* Les specimens de cette espèce (sequoiadendron giganteum) représentent les êtres vivants les plus volumineux de la planète.
** La dénomination de l’espèce est la douzième, les onze autre ayant été récusées pour divers motifs, en général parceque le nom était déjà attribué. On a échappé à Wellingtonia en l’honneur de qui vous savez. Séquoia, simple et facile à mémoriser, renvoyait au séquoia à feuilles d’if, proche, mais pas tout à fait pareil. Va pour dendron, me demandez pas pourquoi.
*** Les graines mettent 18 mois à mûrir et ne sont expulsées du cône-fruit que sous l’effet d’une forte chaleur, l’incendie de la Sierra Nevada ayant la meilleure efficacité. C’est là où se trouve la férocité de l’espèce. Les petits sequoiadendrons ont besoin de soleil pour croître. Un bon incendie californien dégomme tous les résineux et feuillus autour du géant – à qui son écorce permet de très bien résister- dégage le sol, fait éclater les cônes qui projètent leurs graines, lesquelles trouvent un terrain cendreux et ensoleillé très favorable à côté de Maman!
**** En combattant les incendies pendant un siècle les américains ont failli faire disparaître l’espèce. Depuis ils regardent brûler leurs arbres sans bouger un cil !
***** Les séquoias sont revenus en Europe en 1850, après leur disparition il y a 20 millions d’années…
AM
Si je peux me permettre je voudrais ajouter quelques photos :
avant et après l’orage…
La patronne voisine, Hélène, et la patronne d’ici, avant la chute du géant, échangeaient sur le meilleur endroit pour planter un petit frère, que verront peut être nos arrière-arrière-arrière-arrière petits enfants… Voyez aussi l’échelle du géant !
En tout cas, moi, après 10 mois de régime et 5 mois de musculation, je suis prêt à donner un coup de main pour les allumettes…
H
J’ai besoin de bois de chauffage pour la Picardie. J’passe avec une carette. Sinon, je te croyais plus gaulé.
Quel bel Homme ! Avec sa belle hache ! Comme dirait un certain Jack L !
RIP Sequoia …. Et merci gossbooo ….
Surprenant surtout le beau mâle tailleur d’allumettes!!!!
Finalement il n’a pas fait d’allumette, mais il a broyé du mulch qui fait très bien sous les hortensias.
Quel est le jeune éphèbe que tu as choisi pour le photo montage ?
Quant au séquoia, paix à son âme !!!!
T’as trouvé un Wifi ou bien tu es rentrée?
Les deux !!! Je suis maintenant munie d’une « savonnette » qui me permet, moyennant finances, de me connecter un peu partout ! Vive le progrès !!!
Quel beau sujet pour un triste événement !