Non , non, nous ne déménageons ni ne sommes concernés par la rentrée scolaire, mais hier on a quand même fait des cartons et beaucoup de cartons!
Nos voisins les plus à l’ouest, Yves et Hélène, au Port, ont une belle demeure et font partie de nos bons amis depuis que nous nous sommes installés (à peu près en même temps qu’eux) au bord du Lot.
Entièrement à eux, une belle prairie nous sépare, plus grande que le plus beau practice de golf, auquel Yves (et moi…) avons déjà songé.
Si j’ai décidé de faire un petit sujet sur le Domaine DHOSTE CHEVALIER c’est pour éclairer tous ceux qui sont déjà venus nous voir et se sont demandés qui habitait cette demeure, comme ceux qui s’intéressent au vin de Cahors.
Il n’est pas dans mes intentions, et encore moins mes compétences, de vous faire un exposé sur la production d’un bon vin mais comme au fil des ans nous participons à quelques unes des opérations de « production » et qu’aujourd’hui j’ai le dos cassé…
Oui hier nous avons réalisé la dernière phase : la mise en cartons!
C’est bizarre de commencer par la fin, non? Mais l’actualité doit primer alors en attendant les vendanges qui ne sont pas prévues avant une quinzaine, cette semaine, après la mise en bouteilles faite il y a 15 jours, c’était la phase finale: capsules, étiquettes et mise en cartons de 6 des cuvées 2008 et 2009…
Donc Hélène et Yves Nétillard sont depuis 2002 les propriétaires de cette maison et de son ancien domaine, laissés à l’abandon depuis plusieurs années.
Ils ont décidé de relancer une production de Cahors AOC mais avec la ferme intention de faire un vin de grande qualité.
Formation complémentaire ad hoc, investissements importants, application et résolution ont rapidement produit de beaux résultats
Autour de nous, dans une des boucles du Lot entourée de cévennes boisées, ce ne sont que vignes, vignes et vignes qui font un paysage vivant et changeant toute l’année jusqu’à ces splendeurs de l’automne.
Tenez, vu de l’hectare de Malbec d’Yves et Hélène, voici Grezels et nos platanes pour nous situer (si hauts qu’on ne voit pas notre maison). Yves et Hélène sont un peu plus à droite.
Cette vue depuis le haut de la colline du Château situe parfaitement nos maisons…
Dans le coin, le cépage roi c’est le Malbec – d’ailleurs pour l’appellation Cahors le vin doit être composé d’au moins 70% de Malbec mais les cuvées bien travaillées sont composées de pur Malbec.
Donc les Nétillard ont un petit hectare de Malbec, un bon terroir, l’ancien bassin calcaire aquitain érodé par le Lot, un climat océanique plus sec que les côtes, avec de belles arrière saisons chaudes et une volonté farouche de faire, en quantités très limitées, un bon vin qui reprend la tradition classique des vins de garde de Cahors privilégiant concentration du goût et extraction.
Mais alors, quel boulot!!!
On part de la taille de la fin de l’hiver, l’ébourgeonnage pour espacer les futures grappes, puis viennent plus tard l’effeuillage, puis la vendange verte pour éliminer des grappes et mieux exposer celles que l’on veut garder. Hélène et Yves sont très bien équipés en chapeaux de paille!!!
En ne gardant que sept à huit grappes par cep ils assurent leur bonne aération qui favorise leur développement et évite parasites et maladies.
Ah bien sur tout ceci limite le rendement, mais de toutes façons l’AOC impose de ne pas dépasser 55 hectolitres à l’hectare.
Yves et Hélène, avec ces règles, amplifiées par quelques autres passages avant vendanges et les consignes de ne prendre que les belles grappes, bien formées, sans grain sec ou abîmé (je le sais, j’en ai fait avec le Proprio qui vérifie tout le temps…) se limitent à 25 hecto/ha.
Je passe sur les phases qui suivent, macération, (j’ai même appris qu’ils commençaient toujours par refroidir le jus à 4° pour commencer à en extraire les arômes), fermentations alcoolique et malo-lactique, toutes opérations surveillées de près, avec « prise de quart » pour vérification nocturne, chacun à son tour, que les températures sont parfaites…
Après le pressage final et la mise en barriques de chêne, il n’y a plus qu’à attendre la mise en bouteilles, 2 ans après…
Et nous voilà revenus au point de départ de cette semaine : la mise en cartons.
Je rappelle que quelque temps au préalable le vin a été mis en bouteilles et bouché.
Ok les Nétillard font tout à la main et presque tout à deux, mais ici apparaissent quand même des machines (voici le circuit des étiquettes par exemple) et un peu de main d’œuvre amicale, dont nous fûmes.
IL y avait « Jeanfran le Bienheureux » chargé d’alimenter la machine et qui n’a même pas eu un instant pour poser sa pipe
Hélène, tamponnait l’année sur les cartons
les milliers de capsules attendent (ben oui, deux années…)
Hélène et Yves sont à la manoeuvre en tête de la machine qui ferme les cartons qu’ils viennent de remplir
notez que le Propriétaire est ganté pour éviter de fâcheuses traces de doigts sur les bouteilles, ce qui ne serait pas digne de la qualité recherchée d’un bout à l’autre de la production de ce grand vin.
d’ailleurs Hélène est polyvalente car il lui faut quelquefois intervenir sur des bouteilles avant le carton
Moi, comme je n’avais pas réussi l’examen de passage du bout de mes doigts et que les gants étaient trop petits, je me suis retrouvé à la manutention et à l’empilage des cartons. Voir mon dos aujourd’hui!!!
En outre mes antécédents dans le bâtiment justifiaient cette tâche pour l’appareillage des cartons, façon briques, pour éviter l’effondrement par colonnes…
On a mis quand même près de 5 heures pour mettre 3700 bouteilles dans des cartons!
Mais le plus important c’est le résultat de tous ces efforts: le Domaine DHOSTE CHEVALIER a été récompensé dès sa première cuvée, celle de 2006, d’une Médaille de Bronze au Concours Général Agricole de Paris.
Le comble c’est que mes bouteilles qui, il y a 3 ans, avaient traversé la prairie avant cette récompense, ne portent pas l’étiquette supplémentaire qu’Yves et Hélène ont été « contraints » de poser en ré-ouvrant tous les cartons…
Depuis, DHOSTE CHEVALIER est dans tous les guides, 2007 a déjà été sélectionné par le Guide Hachette des Vins 2011, 2008 s’annonce bien si l’on s’en tient aux premiers avis parus, dont je ne résiste pas à extraire ces quelques lignes :
2008
Robe noire
Nez remarquable et complexe de fruits murs un peu confits, notes minérales, boisé fin et bien marié.
Bouche très grasse. Tanins fermes mais bien enrobés, fondants, déjà très veloutés.
Vin riche et puissant, longe bouche veloutée et belle finale de fruits confits.
Cuvée jeune mais déjà très aboutie.
Moi je ne sais pas écrire comme ça, mais je sais le boire…
Et dire que j’étais parti sur une histoire de cartons!
Effectivement, je confirme l’aspect éreintant de cette tâche, pour y avoir participé il y a deux ans ! Cependant, j’en garde un bien bon souvenir ! Quant à mon palais, il confirme également que ce nectar vaut bien une médaille !
A bientôt les vignerons …