Mais non, mais non, on ne vous a pas oubliés. Mais la météo a été maussade, comme chez vous, et Madame Sœur et Monsieur Beau-frère nous ont fait visite.
On ne peut pas tout faire ! Prendre des photos dans un rayon de soleil de deux minutes, ravitailler l’appétit du monsieur sus-nommé pour l’entretien de son spinnaker – à vrai dire il s’en charge très bien tout seul et vous en fait profiter de surcroit – et passer quelques heures devant son ordi pour l’édification des masses avec des propos botaniques.
Le soleil revenu, nos hôtes envolés vers d’autres contrées ensoleillées, nous revenons à nos moutons. Enfin, à nos rosiers.
Nous allons donc passer le portillon, entre Pierre de Ronsard et Ghislaine de Féligonde.
Selon l’heure le parc arboré (comme disent les agences immobilières) est plus ou moins lumineux. La lumière du matin est particulièrement favorable.
Attention à ne pas tomber dans la piscine !
Vous longez la plate-bande installée entre la haie et la piscine et vous vous êtes assaillis par un parfum délicieux que connaissent bien ceux qui ont eu la joie de diner sur la terrasse de Saint Cloud un soir de Juin. Félicia, une des filles du Révèrent Pemberton (estimable homme d’église auquel on s’intéressera un autre jour), est installée au tournant, entre un artichaut et des agapanthes. La demoiselle est toute jeune et l’artichaut a tendance à prendre le dessus, en tout bien tout honneur ! Mais la jardinière veille et se montre sévère avec le bonhomme.
En passant nous jetons un œil sur des hortensias Anabelle – hors-sujet mais ils sont si beaux – quelques rosiers en devenir, Martin Frobisher par exemple mais il n’est pas fleuri, et nous tombons en extase devant Louise Odier, enfouie dans d’immenses népétas, variétés Six Hills’ Giant qui portent bien leur nom.
Dans cette mixed-border les demoiselles sont en péril, aussi la jardinière a choisi une forte personnalité pour faire le poids, Madame Alfred Carrière, mais elle n’est pas en fleur.
À proximité se trouve Papa Meilland dont vous avez déjà fait connaissance vu de l’autre coté du muret.
Tournez à gauche autour de la piscine et arrêtez-vous !
Oh la belle blanche ! Ce n’est pas le Titanic, mais c’est un Iceberg.
À moins de le tondre les fleurs sont là pour six mois. La grosse lavande à ses pieds sera à peine visible.
Mais consciente de cette tendance hégémonique, la jardinière lui a donné de nombreux compagnons : Salet, enfoui dans sa mousse (pardi, c’est un Mousseux !), Paul Neyron, Mme Paule Massad et une autre fille Pemberton, Cornélia.
On tourne à gauche et la plate-bande tourne aussi, au jaune. La première est Anny Duperrey, enlacée (est-ce bien convenable?) avec Thisbée, encore une fille du Révérent qui devrait la surveiller. C’est elle la grande blanche ! Elle fleurira tout l’été, donc on lui pardonne.
Buff Beauty est un peu passée, mais elle était aussi la première au rendez-vous.
Au bout de la piscine, les Boules. Vous comprenez pourquoi.
Ici, pas de demi-mesure, Ballerina règne en maitresse, sous toutes ses formes, rosier buisson ou rosier tige, on ne voit qu’elle. Et ça dure six mois ! Elle est un peu envahissante, mais on l’adore.
Le Comte de Chambord, en galant homme, laisse passer les dames, mais Reine des Violettes, derrière lui, et Rose de Rescht font de la résistance.
Demain nous visiterons le sanctuaire, le saint des saints de la rose, j’ai nommée la Gloriette !